Au cours des JMJ de Madrid, j’ai été un témoin émerveillé de l’œuvre de Dieu. L’Esprit Saint avait fait lever, comme en secret, une très belle jeunesse qui a répondu à l’appel du pape.
Bien que souvent fatigués, ces jeunes venus de 200 pays chantaient durant les heures d’attente du Saint-Père « Esta es - la juventud del papa ! » (c’est la jeunesse du pape) puis « Beee-ne-detto » quand il arrivait. C’était leur façon de manifester leur attachement au Christ et à l’Église catholique. Simple excitation d’une foule en liesse ? Non. En allant visiter quelques-uns des 260 lieux de catéchèses, organisées trois matinées de suite, j’ai été marqué par l’écoute dont bénéficiaient les évêques, la profondeur des questions et la qualité de la prière durant la messe. Sans parler des très nombreuses confessions.
Beaucoup d’évêques ont été bouleversés par ce qu’ils ont vu. Ils ont découvert que l’Esprit Saint formait les prochaines générations de membres actifs de l’Église. L’un d’eux me confiait : « Notre espérance est là, dans ces jeunes profondément chrétiens. Dans mon diocèse, tant de choses qui ne portent pas de fruit vont mourir. Et c’est bien ainsi, car le Seigneur prépare la relève. » Effectivement, parmi les présents aux JMJ, il y a des jeunes qui viennent voir, en curieux, invités par des amis ou attirés par le phénomène. Il y a surtout une grande majorité de jeunes très profondément déterminés à suivre le Christ au cœur de l’Église catholique. Beaucoup d’entre eux viennent de familles engagées dans la foi. Leurs parents ont écouté Jean Paul II, sont allés aux premières JMJ. La prière et l’écoute de la Parole de Dieu faisaient partie de leur vie de famille. Le sacrement de réconciliation aussi. Ces jeunes ne sont plus aux prises avec les doutes des générations passées : écouter le Dalaï Lama ou le pape ? Absolution collective ou confession ? Pour notre mariage, des textes de Saint-Exupéry ou de la Bible ? Baptiser nos enfants ou les laisser libres de choisir ?
Loin des débats des années 1970-1990, les jeunes cathos d’aujourd’hui sont simplement heureux d’être catholiques. Avec même une certaine fierté, toute chrétienne, qui les pousse à évangéliser sans complexe. Et, contrairement à ce qu’il y paraît parfois, ils ne sont pas tous enfermés dans un bocal : ils fréquentent les mêmes écoles et universités que les autres. Ils sont bien de leur génération, dont ils partagent la vie, les fragilités et les aspirations. Et beaucoup d’entre eux veulent clairement s’engager à être chrétiens dans leurs actes, jusque dans le service des pauvres. Et certains témoignent déjà de choix clairs.
Deux fioretti pour l’illustrer.
Des jeunes tibétains avaient été invités par un prêtre suisse. Treize ont été arrêtés par la police. Deux ont réussi à s’enfuir. J’ai pu les rencontrer. L’un était séminariste, mais, ne voulant pas être ordonné par son évêque qui n’est pas en communion avec Rome, il est missionnaire laïc à temps plein dans des villages qui ne voient jamais de prêtre. L’autre, une fille, consacre sa vie à la catéchèse. Au retour, ils subiront un interrogatoire et risquent la prison pour être venus voir la beauté de l’Église catholique à Madrid.
A l’issue de la rencontre des volontaires avec le Saint-Père (parmi les 22500 jeunes généreux à avoir donné quelques semaines ou quelques mois), je parle avec deux scouts français, un garçon et une fille. Et ils me demandent de les bénir : après trois ans de cheminement commun, ils viennent de décider de se fiancer. Je perçois la clarté de leur démarche : ils veulent vivre de vraies fiançailles. Et à la question « que désirez-vous ? », ils répondent avec simplicité : « Nous voulons faire la volonté de Dieu. » Après avoir prié pour eux, je leur demande leur âge. Guillemette a 18 ans, Guillaume 19. Superbe ! Dieu rajeunit et renouvelle son Église.
(article paru dans la revue Il est vivant n°286 d'octobre 2011)
